Gestion et recyclage des déchets de construction en Suisse.

Selon l’OFEV (Office Fédéral de l’Environnement), notre pays produit 80 à 90 millions de tonnes de déchets par an et cela va probablement augmenter à l’avenir. Or, le secteur de la construction est le plus gros producteur de déchets en Suisse. Près de deux tiers de l’ensemble des déchets sont des matériaux d’excavation et de percement, et un cinquième proviennent de la démolition de bâtiments, de routes et de voies ferrées.

En Suisse, une réglementation stricte encadre la gestion des déchets de construction, fixant des objectifs de recyclage et des normes de qualité. Plusieurs solutions de valorisation sont déjà en place et des technologies innovantes promettent une optimisation croissante du recyclage.

 

1. Les matériaux d’excavation et de percement

Les matériaux d’excavation et de percement, principalement composés de terre, de roche et de béton, représentent de loin les déchets de construction les plus abondants.  

Plusieurs solutions de valorisation sont envisageables: 

  • La réutilisation sur site : Les matériaux inertes comme la terre et la roche peuvent être réutilisés sur le même chantier pour des remblais ou des fondations.
  • Le recyclage en agrégats du béton et des roches qui peuvent être concassés et transformés pour la fabrication de nouveaux bétons ou pour des applications routières.
  • La création de sols de culture : Dans certains cas, les terres peuvent être valorisées en sols de culture après un traitement adapté.

Le terme de matériaux d’excavation englobe tous les matériaux excavés depuis la couche géologique inférieure au sol vivant, c’est-à-dire principalement les roches meubles, le gravier et le sable. Les déblais de percement sont, eux, constitués de roche concassée et de blocs de roche qui sont extraits du sous-sol. 

D’un point de vue écologique, leur transport génère un volume élevé d’émissions de CO2 et leur élimination nécessite beaucoup d’espace dans les gravières et décharges. Ces déchets peuvent par ailleurs contenir des substances dangereuses lorsqu’ils proviennent de sites pollués. 

On doit les collecter séparément sur les chantiers. Les matériaux d’excavation et de percement doivent être triés selon leur qualité de façon à s’assurer que les matériaux ne sont pas mélangés avec des éléments étrangers. L’ordonnance sur les mouvements de déchets (OMoD) prévoit que les matériaux d’excavation et de percement dépassant certaines valeurs limites, ne peuvent être collectés que par une entreprise disposant d’une autorisation.

 

Matériaux d’excavation ou de percement : élimination ou recyclage ?

Leur élimination ou leur recyclage dépend ensuite de leur degré de pollution (les valeurs limites de teneur en polluants sont fixées par l’OLED). La plupart des matériaux d’excavation et de percement ne sont pas pollués et devraient donc être intégralement valorisés : réutilisation sur place comme matériaux de construction, comblement de sites de prélèvement, ou encore pour des modifications de terrain autorisées… 

Les déchets impossible à recycler doivent être stockés définitivement dans une décharge adaptée telle que définie par l’OLED (ordonnance sur les déchets).

 

2. Matériaux minéraux de déconstruction

La déconstruction de bâtiments et d’infrastructures génèrent des quantités colossales de matériaux inertes, principalement du béton, des tuiles et des matériaux bitumineux… autant de matériaux qui, une fois traités, peuvent retrouver une seconde vie. Les matériaux minéraux de déconstruction sont, après les matériaux d’excavation et de percement, les déchets les plus abondants qui doivent donc être recyclés autant que possible.

Là encore, leur transport émet beaucoup de CO2 et de nuisances. Par ailleurs, ces déchets peuvent contenir des polluants (amiante, biphényles polychlorés (PCB), hydrocarbures (HAP) ou métaux lourds). Avant d’envisager leur valorisation, il faut donc s’assurer que les matériaux de construction à recycler contiennent le moins de substances nocives possible.

Pour cette raison, préalablement à la démolition de la structure, certains déchets spéciaux – comme l’amiante floquée par exemple – doivent être éliminés séparément. Ensuite, pendant le démantèlement du bâtiment, les déchets de chantier doivent être triés sur place (système de bennes multiples) ou être acheminés vers un site de tri si la configuration du chantier ne permet pas de la faire sur place.

 

Matériaux de déconstruction : élimination ou recyclage ?

Si la structure a été polluée par des substances toxiques pour l’environnement pendant son exploitation, il faut éliminer les déchets en fonction de leur teneur en polluants, selon les valeurs limites fixées dans l’OLED. Les matériaux bitumineux de démolition sont remis à des filières d’élimination différentes selon leur teneur en hydrocarbure (HAP).

Les matériaux minéraux issus de la déconstruction peuvent ensuite être recyclés. Ils permettent de remplacer de grandes quantités de matériaux primaires, comme le gravier et le sable, tout en réduisant la quantité de déchets stockés dans les décharges.

Tableau des matériaux minéraux de déconstruction et matériaux de chantier recyclés en Suisse

La déconstruction d’un bâtiment génère une grande variété de matériaux, du bois aux métaux en passant par les isolants mais des solutions de recyclage existent. Le tri à la source est essentiel pour faciliter leur valorisation. Certains déchets organiques comme des chutes de bois ou des matériaux isolants peuvent également être valorisés en compost ou en biomasse. Le bois, les métaux, les plastiques et d’autres matériaux peuvent être recyclés sur de nouveaux chantiers.

 

3. Le recyclage des matériaux de second œuvre

De nombreux éléments de construction peuvent être réemployés tels quels, comme les portes, les fenêtres ou les revêtements de sol. Des structures favorisant le recyclage de ces matériaux se mettent en place dans le pays. 

Un exemple :  La ressourcerie de matériaux de construction de Lausanne intercepte les matériaux encore utilisables avant qu’ils soient envoyés en décharge, et favorise ainsi leur réintégration sur de nouveaux chantiers de rénovation ou de construction. Accessible aux entreprises de construction et aux particuliers, cette initiative nourrit l’économie circulaire en limitant le recours à de nouvelles matières premières tout en réalisant des économies.

D’une surface totale d’environ 800m2, elle permet de stocker et de prolonger la durée de vie d’une grande quantité de matériaux de second œuvre. On y trouve par exemple:

  • des charpentes
  • des fenêtres
  • des sanitaires
  • des tôles
  • des parquets
  • etc.

 

L’optimisation du recyclage des déchets de construction en Suisse passe par plusieurs leviers et notamment la sensibilisation des acteurs du bâtiment (maîtres d’ouvrage, entreprises de construction, architectes) aux enjeux du recyclage. Afin d’impliquer les principaux acteurs, la Ville de Lausanne a notamment formé ses architectes au réemploi. Elle élabore également des directives incitant à privilégier la construction circulaire et le réemploi dans ses chantiers.

 

4. Des technologies innovantes pour le recyclage des déchets de construction

L’innovation, moteur essentiel dans l’optimisation du recyclage des déchets de construction, favorise l’émergence de solutions de recyclage plus efficaces. Voici quelques exemples concrets de technologies et de matériaux qui révolutionnent le secteur :

  • Tri automatique: Des systèmes de tri automatisés équipés de capteurs et d’intelligence artificielle permettent de séparer les différents matériaux avec une précision inégalée. Les caméras haute résolution identifient les types de déchets, tandis que des bras robotiques effectuent le tri avec une rapidité et une efficacité accrues.
  • Le broyage fin des matériaux permet d’obtenir des granulats de haute qualité, utilisables dans la fabrication de nouveaux produits, comme des bétons ou des panneaux isolants. Cette technique est particulièrement adaptée aux déchets mixtes, difficiles à trier manuellement.
  • Traitement thermique: Certaines matières, comme les plastiques ou les composites, peuvent être traitées thermiquement pour récupérer l’énergie contenue dans les matériaux et produire de nouveaux produits.
  • Recyclage chimique: Cette technologie permet de décomposer les polymères en leurs monomères constitutifs, qui peuvent ensuite être réutilisés pour fabriquer de nouveaux plastiques.
  • Biomimétisme: En s’inspirant des processus naturels, les chercheurs développent de nouvelles enzymes capables de dégrader certains matériaux, comme les plastiques, de manière plus efficace et respectueuse de l’environnement.

(©image www.beton2030.ch/fr/faits/fermer-les-circuits/ )

 

5. Emergence de nouveaux matériaux et d’applications de valorisation

  • Bétons à haute performance : Les bétons fabriqués à partir de matériaux recyclés, comme les granulats issus de déchets de construction, offrent des performances mécaniques comparables aux bétons traditionnels, tout en réduisant l’empreinte environnementale. Plusieurs entreprises suisses développent des bétons à haute performance à partir de matériaux recyclés, notamment pour la construction d’infrastructures.

 

  • Matériaux composites recyclés : Les fibres de verre ou de carbone issues de la déconstruction de bâtiments peuvent être réutilisées dans la fabrication de nouveaux composites, pour des applications dans la construction ou l’industrie automobile.

 

  • Isolants écologiques : Les déchets de construction peuvent également être transformés en isolants thermiques et acoustiques performants, à base de matériaux naturels comme la laine de bois ou le chanvre.

 

  • Enrobés recyclés : Les enrobés routiers peuvent être fabriqués à partir de matériaux recyclés, comme les granulats d’enrobés usagés ou les plastiques.

 

  • Des plateformes numériques pour la gestion des déchets: Des plateformes en ligne (ex. https://hesus.com/hesus-store-suisse/ ) permettent de mettre en relation les producteurs de déchets avec les entreprises de recyclage, facilitant ainsi la valorisation des matériaux.

 

Chez Orion Construction SA, nous adhérons strictement aux directives du GESDEC (Service de gestion de l’environnement et des déchets de Genève) qui régit les normes de valorisation et de gestion des déchets de chantier à Genève.

En collaboration étroite avec le GESDEC, nous mettons en œuvre des pratiques rigoureuses pour trier, recycler et valoriser les matériaux issus de nos chantiers, dès la demande d’ouverture de chantier et jusqu’à la fin des travaux de gros-oeuvre. Notre engagement s’inscrit dans une démarche active de transition écologique, avec pour objectif de minimiser l’empreinte environnementale de nos projets. En tant qu’acteur moteur dans le secteur, Orion Construction SA contribue à un environnement durable pour Genève, tout en respectant les plus hauts standards en matière de durabilité et de responsabilité environnementale.